La Horde du Contrevent est un livre de fantasy écrit par Alain Damasio, publié en 2004 et couronné du Grand Prix de l’imaginaire en 2006, ce qui lui a permis de devenir un des romans cultes du paysage de la fantasy française. Mais la Horde du Contrevent c’est surtout une expérience de lecture inédite, difficile, prenante mais avant tout, marquante.
“Nous sommes faits de l’étoffe dont sont tissés les vents”
Bon pour le synopsis il va falloir s’accrocher un petit peu les copains. Dans un monde balayé par un vent constant, la Horde du Contrevent nous propose d’intégrer la 34e Horde, un groupe d’élite qui a pour dure mission d’atteindre l’Extrême-Amont et de découvrir l’origine du vent. La Horde est composée de ving-trois membres, ayant tous leur spécialité et leur rôle au sein du groupe, entraînés et endoctrinés depuis l’enfance à atteindre cet Extrême-Amont, que personne n’a encore réussi à atteindre.
La Horde du Contrevent débute à peu près 30 ans après le départ de la Horde de l’Aval, point de départ de toutes les hordes, situé logiquement à l’aval du monde. C’est donc de plein fouet que le lecteur entre dans la Horde et va découvrir les 23 membres qui la compose. Car le livre propose au lecteur de lui conter son histoire au travers des yeux et des pensées de chaque membre de la Horde, à tour de rôle. C’est donc à travers ces personnages que l’on apprend à faire la connaissance de Golgoth, le leader de la Horde, Oroshi, l’aéromaitresse, de Sov le scribe ou de Caracole le troubadour. C’est également à travers eux que nous allons suivre le déroulement de leur aventure et sa finalité, au fil des 700 pages qui composent le livre.
Voila c’est à peu près tout pour le plantage de décor, car je ne vois pas quoi dire de plus sans trop en dire et surtout parce que La Horde du Contrevent n’est pas un livre qui se raconte, c’est un livre qui se vit. (Et BIM !)
“Furvent, ceux qui vont mûrir te saluent !”
Bon, j’ai toujours été friand de science fiction ou de fantasy, je partais donc avec un avis plutôt favorable quand je me suis lancé dans la lecture de ce livre. Et les quelques critiques que j’ai pu voir avant de me lancer dans ma lecture étaient tellement dithyrambiques qu’elles ont fini de me convaincre.
Bon, pour être tout à fait honnête, j’ai eu un peu peur en commençant la Horde du Contrevent. Quand je vous disais en intro que la lecture de ce livre était une expérience difficile, j’ai en effet pu le constater dès les premières pages. L’auteur ne nous prend pas du tout par la main et ne s’embête pas vraiment avec une entrée en matière : on entre directement au plein milieu de la Horde, occupée à contrer un vent violent. Pas de présentation des différents protagonistes, pas de description de ce monde si spécial et riche dans lequel nous venons d’entrer, pas d’introduction, rien.
Le monde de la Horde du Contrevent est un monde très riche, avec sa mythologie et ses propres règles. Ici, le vent est un personnage à part entière. De différentes formes et de différentes intensités, il est le principal ennemi d’une Horde qui s’est entraînée toute sa vie pour le combattre. Comme on est propulsé dans le livre 30 ans après le début de leur aventure, on est constamment abreuvé de termes techniques propres à ce monde et on essaye tant bien que mal à comprendre toutes les subtilités de cet ennemi venteux.
Et ce départ brutal n’est pas le seul élément qui rend la lecture difficile au début. Pour couronner le tout, les personnages dont on suit le point de vue ne sont jamais désignés par leurs noms, ce serait trop simple. L’auteur utilise à la place des symboles, placés au début de paragraphes, correspondants à chaque membre de la horde. 23 signes pour 23 personnages (Ω correspond par exemple au personnage de Golgoth). Heureusement, le marque page qui accompagne le livre a la bonne idée de proposer la correspondance entre les différents symboles et les membres de la Horde.
Mais je me suis accroché. Et petit à petit, je me suis habitué aux symboles, au vocabulaire si spécifique et à ce monde si compliqué. Et passé les premières dizaines de pages, je suis complètement rentré dans le livre et dans la Horde. J’ai appris à connaitre les différents personnages, leurs objectifs, leurs relations et leurs peurs. L’auteur a vraiment réussi à rendre ces personnages authentiques, cohérents et très différents les uns des autres. Il utilise d’ailleurs un vocabulaire et une façon de s’exprimer différente selon le personnage que nous suivons. On retrouve donc à tour de rôle le langage brut et cru de Golgoth, la sagesse et la douceur d’Oroshi ou les envolées lyriques et les métaphores de Caracole.
Et au final, le lecteur se retrouve intégré à cette 34e Horde. Nous aussi on contre ce foutu vent, nous aussi on vit avec le groupe en partageant les pensées des différents personnages et surtout nous partageons le même objectif que la Horde : atteindre l’Extrême Amont, la fin du livre et découvrir enfin ce qui s’y cache, ou pas. Petit détail d’ailleurs, le livre est numéroté à l’envers (la dernière page porte le numéro 1), comme pour intensifié ce voyage dans lequel se lance le lecteur et sa recherche de ce qu’il y a au bout, du livre ou du monde.
La Horde du Contrevent est surement l’un des livres qui m’a le plus marqué. Je l’ai lu il y a à peu près 6 mois et je pense le relire à nouveau bientôt, pour une nouvelle fois vivre cette aventure avec mes 23 autres compagnons. Je ne peux que vous conseiller la lecture de ce livre, les efforts du début pour entrer dans l’histoire et comprendre ce monde si particulier seront grandement récompensés une fois que vous aurez adopté la Horde.
Et on finit avec Bora de Rone, sur laquelle on entend justement des extraits du journal vocal d’Alain Damasio pendant son écriture de la Horde du Contrevent. Ça vous donne une petite idée de l’implication de l’auteur dans l’écriture de son livre.
Comme pour toi on m’a vanté ce bouquin un paquet de fois. Mais là avec ta critique ça me donne vraiment envie de m’y mettre !
Bon, je vais me taper les 700 pages de ce livres du coup !
Même si cela n’est que pures fioritures, j’aime quand des auteurs se permettent des écarts de style par rapport à un bouquin “traditionnel”.
Je reviendrais commenter quand j’aurais fini le livre.
À dans un an !
Je vous le recommande chaudement à tous les deux, vous connaissant vous devriez vraiment apprécier 😀
Un article vraiment cool, tu donnes envie aux lecteurs et tu ne dis pas que du bien, tu montres les point négatifs et ça, c’est le seul petit truc qui manquais à tes articles (et peux-être les sorties aussi, parce que presque 9 mois sans article, c’est long).
Ps : Je vais te rendre World War Z (qui est OUF), et te voler celui là 🙂
A “lire” puisque ça ne se lit pas vraiment, ça se vit…
Bonjour, j’aurais besoin d’un an de plus.
Je me suis grisé, 700 pages c’est beaucoup trop.
Je n’ai pas du tout aimé ce bouquin. J’ai abandonné au bout de 200 pages. Il y avait beaucoup de longueurs, le style est difficile et tout simplement j’ai eu de mal à entrer dedans…
Bon finalement, j’ai mis seulement un mois !
Une vraie tuerie ce livre !!!!
Dès que tu es entré dedans, tu n’en sors plus et suis les personnages, tu vis avec eux, tu fais partie de la Horde.
J’avoue qu’il est compliqué, surtout si on a pas l’habitude des bouquins avec des termes propres à celui là (comme les Terry Pratchett).
Merci à Xavier de ma l’avoir offert et merci à toi de m’avoir répété pendant 2 ans que je devais le lire :p